La cabane de Courtal Marty, située sur le GR10, permet de fournir un lieu de repos pour les randonneurs s'adonnant à la traversée des Pyrénées par ce sentier mythique. En effet, cette assez longue section du GR située entre Siguer avec le Petit Gîte de Fabrice et le refuge du Ruhle ne comporte que des cabanes qui sont alimentées deux ou trois fois dans la saison estivale pour permettre aux marcheurs de ne pas être trop chargés. Il y a deux autres cabanes qui sont concernées : Balledreyt et Clarans.
Pour accéder à Courtal Marty, il y a trois possibilités principales. Depuis Gestiès ou le Pont de Coudène, les deux sur le GR10, ou par un sentier partant de la côte 779 sur la carte. Nous avons choisi de partir dans le sens Est - Ouest, donc du pont de Coudène. Nous avons déjà fait Courtal Marty depuis Gestiès et c'est donc naturellement que nous avons choisi l'autre sens.
Il y avait aussi une autre raison. Nous ne savions pas ce que nous allions trouver et je souhaitais nous laisser la possibilité de s'arrêter à la cabane des Ludines en cas d'enneigement plus important que prévu ; comme nous partions pour le week-end et que nous ne voulions pas trop nous charger, nous n'avons pas pris les crampons et piolets et nous avons chaussé nos chaussures d'été.
Nous avions déjà aperçu cette cabane lorsque nous étions montés au Larnoum en parcourant les crêtes du pic de Massayre. Un autre intérêt en ne connaissant pas l'enneigement au dessus de 1800 est le fait que pour rejoindre Courtal Marty et autour, il est possible de se promener sans craindre les avalanches.
Les températures sont clémentes pour ce week-end et nous partons avec nos duvets d'été largement suffisamment pour ces conditions. En ce qui concerne l'eau, il n'est pas nécessaire de se charger ; en effet, des ruisseaux coulent tout au long du parcours et encore plus en cette période de fonte.
Il ne reste donc plus qu'à partir !
Le départ de la randonnée se fait au niveau du pont de Coudène lorsque la départementale bascule de rive gauche à rive droite. Le parking est bien visible et le GR10 passe à ce niveau-là. Le sentier commence sur la piste qui mène au ruisseau et généralement il vaut mieux descendre par la passerelle en contrebas de la piste quelques mètres avant le ruisseau, le débit de l'eau étant parfois important.
Sans être difficile, cette portion du GR10 demande un peu d'attention et d'anticipation des prochaines balises. En effet, le sentier ne se distingue pas toujours correctement. Et comme la montée est parfois importante, on peut avoir tendance à rester concentré sur ses pas et oublier de regarder les marques. L'erreur n'est jamais bien importante mais il n'est jamais agréable de devoir revenir sur ses pas ou de devoir passer par un endroit plus délicat, surtout en étant chargé. Gardez donc toujours un œil sur la suite pour repérer les marquages rouge et blanc.
La montée se fait en forêt dans le bois de Gudanès en longeant le ruisseau gonflé par la fonte des neiges. Nous nous arrêtons pour regarder une des nombreuses cascades qui rugit devant cette assemblée constituée de seulement deux personnes et une chienne (nous ne rencontrerons personne ou presque durant les deux jours).
Arrivés à la passerelle que nous avons toujours prise dans le secteur, au niveau de la bifurcation entre le GR10 et la direction des Ludines, nous décidons de conserver notre idée première d'aller vers la cabane des Ludines. Et quelle surprise de constater que c'était l'ancien parcours du GR10, celui que j'ai sur ma vieille carte. Nous allons donc le suivre et ensuite nous ajusterons en fonction de ce que nous allons trouver. Quelques plaques de neige persistent mais elles ne devraient pas durer très longtemps. L'ancien sentier étant suffisamment bien marqué (il faut parfois chercher un peu et deviner le sentier, faire confiance aux cairns ou trouver les anciennes marques parfois effacées), la décision est prise de le suivre et de ne pas aller à la cabane car nous avons pu constater que la neige n'est pas problématique en altitude.
Sans ce sentier, nous serions allés jusqu'à la cabane pour remonter vers le pic de Massayre pour reprendre les crêtes et rejoindre le col de Sirmont. Le sentier n'est pas très pratiqué mais il est bien visible et la végétation ne l'a pas recouvert ; certains cairns sont récents et dans cet environnement humide, ils ne sont pas recouverts de mousse comme les pierres à côté. C'est un bon signe. Nous rejoignons le nouveau GR10 à la côte 1608 avant de traverser un ruisseau et près d'un bel arbre au milieu d'une petite prairie. Cette portion d'ancien GR10 est bien plus agréable de mon point de vue que la nouvelle, bien que plus longue. Elle est plus sauvage et un chevreuil croisera notre route devant Joulua toute excitée.
A partir de la jonction les ruisseaux se traversent à gué sauf pour le ruisseau du Larnoum qui dispose d'une passerelle. Les ruisseaux sont gonflés par la fonte et les traverser demande un peu d'attention pour ne pas glisser car les pierres sont mouillées et les ruisseaux plus larges qu'en été.
Le sentier continue à monter vers Sirmont en bout des crêtes qui viennent de la Unarde. De ce point, il descend en forêt dans le bois de Grazal, avec une pente forte de plus de 40° jusqu'à la jasse de Sirbal où nous prendrons notre repas de midi avant de faire une sieste. Ah oui, je ne vous l'ai pas dit ; nous sommes dans une phase "Chi va piano va sano" en attendant que la forme revienne ; le rythme est lent et régulier pour monter environ 300 mètres à l'heure. A l'ombre de noisetiers et à proximité de rus dont le ruissellement nous berce, nous faisons une pause d'une heure profitant du temps présent.
Il faut traverser la rivière par la passerelle et monter vers la cabane de Balledreyt en suivant le ruisseau qui en descend. On doit le traverser plusieurs fois et la dernière est celle où on ne peut pas passer sans se mouiller. Il est en effet très difficile de remonter à cause de la végétation sur la rive droite pour trouver un point de traversée gérable ; on choisira donc de déchausser et traverser dans l'eau qui est comment dire ... un peu fraîche. Mais comme la température est des plus agréables, cet épisode est même ressenti comme un réconfort des pieds.
Il faut à partir de là bien suivre et anticiper les cairns qui passent au dessus d'une mouillère. Se tromper n'est pas important car on ne peut pas rater la cabane. Mais remonter toute la mouillère n'est pas pratique et on perd du temps pour rien. Suivez les cairns et traces lorsqu'elles se voient.
La cabane de Balledreyt est une belle est grande cabane rénovée récemment, en deux parties : une avec des bat-flancs superposés disposant de matelas et couvertures pour 4 personnes, équipée d'une cheminée, et une avec un bat-flanc pour 2 personnes. Elle est propre et accueillante avec de l'eau qui coule à proximité dans un très joli cadre constitué de la vallée encadrée par les crêtes allant du pic du col de Taillat au cap de la Serre des Afumats et qui descendent de ce dernier.
Deux départs du GR10 partent à droite et à gauche de la cabane, les deux se rejoignant un peu plus haut. Le sentier est maintenant très marqué jusqu'à la cabane de Courtal Marty que nous atteignons en milieu d'après-midi. C'est avec grand plaisir que nos voyons que le toit a été rénové (la cabane gouttait lors des pluies) mais hélas, un des gonds (le supérieur) a lâché et une réparation de fortune évite à la porte de tomber.
Nous défaisons toutes les affaires pour préparer la soirée et la nuit avant de refaire une sieste supplémentaire ; pour nous, la montagne c'est aussi cela : profiter des moments de grand calme et de solitude souhaitée pour se reposer ou ne rien faire. Au dessus de la cabane, il reste encore de belles accumulations de neige et de l'eau coule en abondance ; nous n'aurons aucun problème pour ravitailler.
Vers 17h30, je monte avec Joulua vers la pic du Col de Taillat pour vérifier les conditions pour notre matinée de demain. Les accumulations sont très importantes par endroit et les effets du vent qui a soufflé fort et très souvent sont bien visibles ; certaines accumulations de neige doivent bien faire une dizaine de mètres alors que 100 mètres plus bas, il n'y a plus de neige. Il n'est pas possible de suivre la piste pour aller vers le Larnoum car elle est complètement recouverte à partir du Pas de l'Escalier et passe sous des corniches qui ne demandent qu'à tomber. Première solution éliminée.
Arrivé au pic qui est plutôt un dôme, je constate que la montée vers le cap de la Serre des Afumats est barrée d'une assez large langue de neige qui ne peut pas se contourner. En cette fin de journée, la neige est praticable car bien molle mais qu'en sera-t-il demain ? La dernière solution qui elle est totalement praticable est de remonter vers le Pla de Montcamp qui peut se faire sans passer sur la neige. La reconnaissance est terminée, je peux revenir à la cabane en ravitaillant en eau au passage.
La soirée et la nuit seront douces, dans le calme de ce lieu isolé. Mais attention, pendant les estives, les troupeaux sont présents et c'est moins calme même si c'est tout autant agréable.
Le réveil se fait dans des couleurs magnifiques et le lever de soleil est une explosion de lumière. C'est de bonne augure pour notre journée même si le temps sera plus couvert que la veille. Un des premiers gestes que je fais en me levant est de tâter la neige qui se trouve à proximité ; et là, la solution d'aller au cap de la Serre des Afumats est presque éliminée. En effet, la neige est assez dure et comme la langue de neige barrant la montée au cap est en plein Nord et plus élevée, nous ne prendrons pas de risque sans équipement.
Après un petit déjeuner classique, nous voilà partis avec les petits sacs à dos (nous emportons toujours de petits sacs à dos souples pour marcher à partir d'une cabane) et remontons vers le pic. Nous évitons au maximum la neige car elle a formé une croûte dure qui cède parfois sous le poids. Le sentiment de ne pas souhaiter aller vers le cap est confirmé. Nous partons donc en direction du Pla de Montcamp afin de faire deux heures de promenade matinale. En chemin au niveau du col du Sasc, nous voyons d'un côté les chiens et le couple de bergers venu vérifier leur cabane et de l'autre deux chevreuils apeurés par les chiens qui ont aboyé et notre arrivée. Ils redescendent à un rythme que nous leur envions mais ne rêvons pas, c'est hors de notre portée.
Nous retournons à la cabane par le même chemin car le GR10 entre le col de Sasc et la cabane est enfoui sous la neige et que de fortes accumulations sont visibles. Il ne reste plus qu'à descendre par le GR10. Vers la fin de notre marche, nous rencontrons encore deux chevreuils qui s'échappent avec rapidité et un va sauter par dessus le ruisseau à un de ces points le plus large en faisant un bond de plus de cinq mètres sans sourciller et avec élégance. Et quand je pense que pour trois mètres, nous nous déchaussons. On n'a pas les mêmes capacités.
Voilà, enfin un bon week-end qui n'aura pas été perturbé par le mauvais temps et dont nous aurons profité au maximum.
La saison est lancée ... ou pas. L'avenir le dira.
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