La cabane d'Aula sur le GR10 en Ariège
Cette cabane (voir la description sur le site Refuges et cabanes des Pyrénées) a été l'enjeu depuis plusieurs mois d'une bataille insoupçonnée. En effet, le GR10 a failli ne plus passer par son secteur car elle n'était pas suffisamment en état pour accueillir les randonneurs. Cela aurait impliqué une dérivation du GR10 qui ne serait plus passé par ce merveilleux secteur.
Mais grâce à l'opiniâtreté d'Eric Chaigneau, président de l'association "Les Amis Gr'distes", il a su convaincre les élus, les membres des comités divers et variés gérant entre autre le GR10, pour rénover la cabane et monter toute la logistique. Je vous parlerai de la rénovation dans un autre récit car elle en mérite un à part entière.
Mais alors, vous vous dites, que va-t-il nous raconter ? Comme nous avions fait le pont, nous avons décidé de joindre l'utile à l'agréable. L'utile : rénover la cabane ; l'agréable découvrir ce somptueux secteur de l'Ariège qui j'en suis sûr vous coupera le souffle le jour où vous y poserez votre sac à dos.
Comme la météo est excellente pour les 4 jours, la montée se fait le jeudi et nous allons consacrer les deux premiers jours à arpenter le secteur pour le découvrir, sachant que j'aurai l'occasion sous peu d'y revenir pour un événement que je monte (un peu de patience et vous en saurez plus).
Comme le rendez-vous pour le samedi matin début de la rénovation est donné au col de Pause, c'est là où nous allons nous garer. Il est aussi possible de venir par la piste d'Estours mais c'est plus long et cela ne nous permet pas de faire deux voyages. En effet, pour monter un peu de matériel dès notre premier jour, nous avons décidé de laisser l'apéritif et une partie de nos repas dans la voiture. On récupèrera tout cela samedi et on laissera une partie de notre matériel (crampons par exemple) que l'on aura descendu. Donc parking au col de Pause. Cela présente aussi l'avantage indéniable de pouvoir faire un travail d'éclaireur et de donner des indications à Eric.
La seule petit ombre au tableau, c'est Joulua. Mercredi, elle s'est fait mal à la patte avant gauche et boîte un peu. J'aurai beau chercher d'où vient son mal pendant les quatre jours, je n'arriverai pas à l'identifier. Ce qui a d'étonnant est qu'elle s'endort béatement lorsque je la masse vigoureusement sur les coussinets ou sur les muscles ou que je lui fait jouer les articulations. C'est à ne rien y comprendre mais comme elle ne se plaint pas et qu'elle arrive malgré tout à courir, nous ferons attention mais sans plus.
On y va ?
Montée à la cabane d'Aula, jeudi matin
Comme vous avez pu le lire, il y a deux alternatives pour se garer. Mais pour aller à la cabane, il y en a deux, aussi. La naturelle est le GR10 qui passe par l'étang d'Areau. Mais là aussi, une alternative existe. Il s'agit initialement d'une piste créée par les troupeaux et qui a ensuite été balisée en jaune ; elle passe par un petit col sous le pic de Lacrabère. Comme elle présente moins de dénivelée et que l'on trouve la neige uniquement au niveau de l'étang d'Areau qui est un peu plus haut que ce col, la décision est prise de minimiser les efforts et d'emprunter ce sentier.
Mais bon, l'étang d'Areau vaut vraiment le détour et on y passera demain.
Avant de partir du parking nous avons averti Eric que tout était OK pour monter mais qu'il fallait avertir l'ONF de la barrière à mi-pente que nous avons dû ouvrir (c'est un oubli de leur part) et du fait que la barrière au niveau du parking est cadenassée. L'ONF participant à la journée de montée du matériel, ils l'ouvriront.
Le GR10 commence sur la piste ONF et rejoint rapidement la cabane d'Areau, fermée, en empruntant des raccourcis par des sentes herbeuses. Le Mont Valier pointe son sommet au-delà des crêtes et la montée dans la vallée est déjà superbe. De la cabane, le sentier part Nord-Nord-Ouest et se trouve très facilement. Il ne présente aucune difficulté jusqu'au col.
Et là, on s'arrête, on admire ; quelle claque ! Et dire que certains ont imaginé dériver le GR10 de ce secteur-là.
La descente est un peu humide avec les pluies des jours précédents et l'on doit traverser deux ou trois petits névés. Nous verrons plus tard, que nous avons choisi le bon chemin pour se rendre à la cabane avec le poids sur le dos.
En bas, il faut passer deux ruisseaux pour atteindre la cabane mais comme il n'a pas fait très chaud jusqu'alors, le débit est assez faible. La cabane est à nous ; nous nous installons et prenons nos aises. Nous la trouvons propre grâce au travail qu'Eric et Christophe ont fait quelques temps auparavant. Mais c'est vrai qu'elle mérite un coup de jeune.
Nous prenons notre repas et choisissons ce que nous allons faire cet après-midi. Afin d'avoir une meilleure vue et nous laisser la possibilité d'aller vers le port d'Aula demain, nous allons monter vers le Tuc de Fourmiguet et aller surplomber le GR10.
Une fois le repas pris, c'est parti.
Le tuc de Fourmiguet, jeudi après-midi
Pour monter au tuc, nous allons rebrousser chemin et remonter au col. Au passage deux belettes s'égayent dans la neige et s'enfuient en nous apercevant.
Mais avant d'y monter nous allons passer sous la crête et profiter de la vue : l'étang d'Areau et son refuge, le pic des Accenteurs, le pic de Gariès, le port d'Aula, ...
Nous ne regrettons pas notre choix de ne pas avoir pris le GR10 pour rejoindre la cabane. Mais nous ne le rallierons pas cet après-midi. En effet, il n'y a pas vraiment de chemin pour contourner les sommets et la marche est parfois pénible avec un dévers un peu fort.
Nous retournons sur nos pas pour finir le Tuc et admirer le point de vue d'en haut.
Il ne reste plus qu'à rentrer à la cabane pour profiter de la fin de journée dans ce superbe coin. En descendant du col, un renard s'échappe vers la forêt pendant que deux ou trois isards batifolent plus haut sur la neige. Deux ou trois ? D'un côté, oui. Mais au moins une trentaine d'isards avec des petits s'amusent dans les névés sous les Cuns d'Aula. Quel spectacle, quelle agilité !
La journée a été chaude et cela se voit dans les ruisseaux de fonte. L'eau est montée et ne cessera de monter jusqu'au dimanche.
Le soir arrive et avec lui les derniers rayons de soleil qui lèchent les crêtes.
Demain nous partirons par là ...
Vendredi, direction l'étang d'Areau
Le temps s'annonce très beau pour cette journée. Après avoir passé une excellente nuit, nous nous réchauffons au soleil qui gagne l'intérieur de la cabane pendant notre petit déjeuner.
L'idée du jour est de monter au port d'Aula et de voir ce que nous pouvons faire là-haut.
Nous rejoignons le GR10 en évitant le premier névé et nous verrons plus haut que le conseil que j'ai donné à Eric de ne pas passer chargés par le GR10 pour monter tout le matériel est judicieux. En effet, deux névés ne peuvent pas vraiment s'éviter et ils sont pentus.
Le spectacle est saisissant vers la vallée avec cet Mont Valier majestueux au-dessus de la cabane.
Comme l'eau coule partout, nous sommes partis avec un minimum en pensant ravitailler au fur et à mesure. Cela va jouer sur notre journée. En effet, lorsque je regarde vers le port d'Aula, je ne vois aucun endroit où de l'eau coule suffisamment. Une source existe bien sur la carte mais je crains qu'elle ne soit enfouie sous la neige. Nous allons donc continuer jusqu'à l'étang et laisser le port d'Aula pour une prochaine fois.
Notre regard se tourne donc vers l'étang et le pic des Aymesses qui le domine.
Nous descendons sur l'étang en quittant le GR10 pour passer à côté d'une cabane pastorale proche de la piste. Mais toujours pas d'eau. Bon, me direz-vous, il y a de l'eau, stagnante, ou de la neige, presque propre. Au cas où, nous avons de quoi nous réhydrater mais ce n'est pas l'eau que nous apprécions.
Nous poussons jusqu'au refuge en espérant trouver un robinet extérieur. Toujours pas. La pression monte ... Bon, nous avons quand même presque un litre et demi avec nous ; ce qui ne nous empêche pas de chercher plus bas et aux alentours. L'étang n'a pas de déversoir, l'eau s'infiltrant pas dessous pour rejaillir, magnifiquement, plus bas. Mais plus bas. Alors que nous voulons monter.
Qu'à cela ne tienne, nous nous en passerons. Notre objectif maintenant est de monter sur le pic des Aymesses car je le soupçonne de procurer une très belle vue sur l'étang et il tient toutes ses promesses.
Nous revenons auprès de l'étang pour manger et faire une sieste au frais car la température est montée très fort. C'est agréable. J'aurais bien pris de l'eau dans l'étang mais le nombre de vairons morts m'incite à la prudence.
Nous retournons par le même chemin vers la cabane d'un pas tranquille sous cette première forte chaleur rencontrée en randonnée cette année. En voyant le spectacle face à nous, je m'interroge encore et toujours sur ce qui a fait que cette portion du GR10 aurait pu disparaître. Et vous, qu'en pensez-vous ?
En descendant dans les zigzags du GR10, nous nous arrêtons pour regarder le grand troupeau d'isards s'ébattre sur les névés. C'est leur plaisir. Nous aurons vu plusieurs d'entre eux sortir de la forêt en contrebas pour rejoindre la fraîcheur des névés. C'est aussi une zone d'éducation, les mères n'hésitant pas à inciter les petits à prendre de gros dévers à toute vitesse. On se dit avec Nathalie que dans une prochaine vie, nous serons des isards.
Le retour à la cabane est agréable car elle est fraîche et les lits accueillant pour une deuxième sieste. Quand on aime, on ne compte pas.
Par la suite, nous allons nous occuper de la cabane avec notamment, une répartition des grosses poubelles dans de plus petites plus faciles à transporter par les gens qui monteront. Je refais aussi la zone de feu externe avec des pierres suffisamment grosses et nous mettons à l'écart les morceaux de métal dans les anciens enclos à l'arrière de la cabane ou dans des poubelles.
L'après-midi touche à sa fin et deux jeunes viennent s'installer dans la cabane. Je les préviens que peut-être demain sera compliqué car il y aura du monde qui devrait dormir. Ils se coucheront tard, mais c'est comme cela en montagne.
Le matin, nous nous réveillons à 5h45 ; ce n'est pas une basse vengeance à l'encontre des jeunes mais pour se préparer tranquillement et rejoindre la parking du col de Pause.
Le temps est avec nous et les couleurs du matin sont splendides et augurent d'une journée qui va bien se passer.
Nous voilà partis pour rejoindre le groupe avec un dernier regard en arrière avant de passer le col.
Et la suite ... Ce sera pour un autre récit comme je vous le disais en préambule.
Bon, maintenant que nous sommes arrivés à la fin de ce récit, savez-vous comment se prononce l'étang d'Areau ? Aréou ... Il ne vous reste qu'à relire correctement le récit.
Bonne lecture 🙂
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