Autour de la cabane de Bretounels, 10 au 12 mai 2018

Un créneau météo semble se dégager pour trois jours de jeudi à samedi, avec une très belle journée vendredi. Chat échaudé craignant l'eau froide, les deux nuits devront se passer en cabane utilisable pour éviter de reproduire le scénario de la semaine précédente. Vous vous rappelez ?

GRP tour du pic des Trois Seigneurs, avorté et modifié

Autour de Bretounels
Autour de Bretounels sur Google Earth

Il y a un secteur où nous ne sommes jamais passés (ce n'est pas le seul, mais il réunit tous les critères attendus) : il s'agit de la partie du GRP Tour des montagnes d'Ax, montant de Perles et Castelet vers le GR10 en crête des Isards pour rejoindre le refuge du Ruhle (qui est toutefois trop loin comme destination). Quatre cabanes parsèment le chemin et, a priori, la plus haute, la cabane de Bretounels est très agréable. Il y a un peu plus de 1200 mètres de dénivelée et 7 kilomètres, ce qui convient pour la montée de la première journée. La continuation du GRP vers la crête des Isards offre à la fois un point de vue à 360° avec un sommet, le pic d'Espaillat. Cela permettra de passer la très belle journée de notre séjour avec une possibilité de faire 15 kilomètres et plus de 750 mètres de dénivelée. Si la forme est présente ainsi que les conditions de neige, il est envisageable aussi de faire une boucle passant par le col de la Didorte et le col des Finestres. Et comme samedi après-midi le temps peut ou va se dégrader, la descente peut se faire dans la matinée. Tous les critères sont présents pour notre destination.

Ne connaissant pas l'enneigement exact là haut et au vu des températures annoncées, je choisis les raquettes à la place des crampons. Le seul moment où je pense avoir besoin d'équipements est le vendredi et comme nous avons toute la journée pour nous, il sera possible d'attendre que la neige commence à se transformer.

Pour ce qui est de la logistique, nous partons avec nos duvets légers et les mêmes repas que d'habitude (vous pouvez lire l'article cité plus haut). L'eau étant présente à toutes les cabanes, nous partons avec un ravitaillement minimum.

 

La montée vers la cabane

Nous garons la voiture dans la partie Castelet, à proximité du GRP avant le passage sous la N20. Quelle est notre surprise lorsque nous passons dessous de voir le ruisseau qui recouvre la route, complètement. J'ai failli partir en chaussures basses (en prenant les hautes pour le vendredi) ; je pense que j'aurai regretté tout de suite ce choix-là. On passe en faisant attention et en trouvant des pierres qui nous permettent d'éviter de trop tremper les chaussures. Au retour nous comprendrons mieux ce qui s'est passé, même si les pluies des jours passés sont à l'origine de ce débordement.

Cabane de Bisort
Cabane de Bisort

Le GRP est très bien indiqué comme tout au long du parcours jusqu'à la crête des Isards. Il démarre sur environ un kilomètre par une piste et ensuite ... ça monte. Les lacets sont bien gérés et moins droits dans la pente qu'à d'autres endroits en Ariège mais l'altitude se gagne rapidement. Le pas est celui que nous apprécions actuellement "Chi va piano, va sano". La forêt nous entoure à part un passage au travers d'un éboulis de gros rochers offrant la vue sur le massif de Tabe et les villages dans la vallée. Rien à signaler, rien à voir ; on monte tranquillement jusqu'à la première cabane, celle de Bisort. Elle se trouve à côté d'un ruisseau dans une toute petite clairière. Elle semble propre et sèche mais on ne peut pas rentrer la visiter ; le système de fermeture est totalement rouillée et malgré un caillou utilisé en marteau, je n'arrive pas à le décoincer. Après une courte pause et s'être rafraîchis au ruisseau, nous repartons toujours dans la forêt.

Ambiance dans la forêt
Ambiance dans la forêt
Cabane de Tessoula
Cabane de Tessoula

Le chemin reste régulièrement humide et boueux, la terre n'ayant pas eu le temps d'évacuer toute la pluie des jours précédents. Nous continuons jusqu'à la cabane de Tessoula, où nous nous arrêtons pour manger. Cette cabane doit être agréable avec une belle exposition et une vaste clairière offrant la vue sur la partie Est des Pyrénées ariégeoises. Cependant avec toute l'eau qui est tombée, les alentours de la cabane sont un marécage et le sol à l'intérieur est recouvert d'eau qui s'infiltre par la base de la cheminée. C'est bien dommage car à part cela, elle est tout à fait correcte. Nous ne restons pas longtemps au vu des conditions et reprenons la route. Un peu plus loin dans une clairière, Joulua s'arrête et fixe un point plus bas avec un très grand intérêt. A une centaine de mètres, trois isards nous ont aperçus et commencent à partir assez tranquillement et s'enfoncent dans les bois pour échapper à notre regard.

Encore au dessus, au niveau d'un col près de la côte 1584, nous voyons brièvement un groupe qui monte par un sentier que je pense balisé jaune depuis Luzenac. Ce sont les rares personnes que nous verrons ces trois jours. Ou presque.

La cabane de Mouscadou est atteinte toujours à travers la forêt ; elle est aussi dans une belle clairière  bien exposée avec la vue sur le Massif de Tabe et la vallée. Elle dispose aussi d'eau et de bois mais les derniers occupants n'ont pas été très délicats avec les suivants. Des détritus jonchent le sol et elle n'est pas franchement rangée. C'est bien regrettable.

Cabane de Mouscadou
Cabane de Mouscadou avec le massif de Tabe en toile de fond

Nous continuons notre chemin pour traverser le ruisseau. Notre carte est tellement vieille (2000) que le GRP ne remontait pas vers la cabane de Bretounels mais suivait le ruisseau pour rejoindre Bourbourou. Heureusement que j'ai le topo sur mon téléphone avec l'application GPS et que j'avais pu identifier le nouveau tracé. Celui-ci passe par un ancien tracé (balisé jaune dans le temps ?) qui est très facile à suivre et présente peu de dénivelée. On commence à trouver les premiers névés et quelques ruisseaux aisés à traverser.

La cabane de Bretounels

La jasse de Bretounels avec sa belle cabane est enfin atteinte et nous découvrons la cabane. C'est une cabane luxueuse ! Les bas-flancs sont équipés de vrais matelas individuels ; il y a une gazinière avec une grosse bouteille de gaz quasiment pleine ; on trouve aussi des ustensiles, une éponge, du liquide vaisselle et même un interrupteur : oui, il y a la lumière ! Bien évidemment, la cabane est équipée d'une cheminée avec du bois (que nous n'utiliserons pas). On ne peut que remercier la commune de Luzenac, le groupement pastoral et les chasseurs qui s'occupent de l'entretien. Félicitations de notre part.

Cabane de Bretounels
Cabane de Bretounels

Nous installons nos affaires et il ne reste plus qu'à trouver de l'eau. C'est simple, le ruisseau passe devant. C'est ce que je croyais. Je descends les quelques mètres et commencent à remplir les gourdes dont celles que transporte Joulua et qui sont transparentes. Et là, surprise. L'eau est terreuse mais ne décante pas ; c'est plutôt moi qui déchante quand je la goûte : elle a non seulement l'aspect terreux mais aussi le goût, très désagréable. Je remonte le ruisseau et c'est pareil. Je pense que suite aux pluies des jours passés, le sable venant du désert qui s'était déposé sur la neige a été transporté avec les eaux de fonte. Heureusement, dans la cabane, un plan indique la position de la source à laquelle nous allons nous ravitailler. Simple, non ? Hélas, non. En effet, la source est introuvable car elle est recouverte par un névé. On rebrousse alors chemin pour remonter le GRP afin de vérifier les autres ruisseaux. Ils sont de meilleure qualité tout en étant troubles aussi. C'est mieux mais pas satisfaisant. On ravitaille malgré tout et on revient à la cabane. Je n'abdique pas et je reviens vers la source, enfin l'endroit où elle est supposée être ; je remarque en contrebas plus loin que la position supposée, des herbes bien vertes caractéristiques de l'eau qui coule ou stagne. Il faut descendre sous le névé en le contournant ; je teste l'eau qui coule et, bingo ! elle est claire et bonne. Retour à la cabane pour chercher les gourdes, revenir ravitailler et retour. Il nous aura fallu deux heures au total pour avoir de l'eau fraîche. Nous pouvons enfin nous reposer puis dîner avant de profiter de la soirée avant de passer une excellente nuit.

Pic d'Espaillat, col de la Didorte, crête des Génibres
Depuis la cabane de Bretounels

Demain nous montons en crête sur la gauche.

Vendredi, c'est LE jour. Le temps est annoncé beau pour toute la journée. Nous allons pouvoir prendre notre temps et profiter du soleil. La nuit a été froide à l'extérieur et il a gelé. La neige sera plus portante pour monter en crête.

Massif de Tabe
Massif de Tabe, vu en montant le GRP vers le Sarrat de Campalou

Nous partons lorsque le soleil commence à éclairer la jasse de ses rayons et commençons à chercher le GRP. Le départ n'est pas très évident car les vaches ont construit un réseau de sentiers mais le balisage est vite trouvé et sera facile à suivre. Comme le GRP serpente dans les arbres, les traces sont à hauteur des yeux sur les sapins. Le massif de Tabe s'ouvre bientôt lorsque la forêt devient clairsemée : la journée démarre bien.

Plateau de Beille
Plateau de Beille, vu depuis le Sarrat de Campalou

Le sentier nous mène directement en crête sur le Sarrat de Campalou.

Nous avons le plateau de Beille en vue et le plateau sur lequel nous sommes aurait pu aussi accueillir du ski de fond. La configuration s'y prête assez bien, sauf qu'il n'y a pas de route pour monter.

Nous poursuivons la crête vers le pic d'Espaillat en évitant la neige lorsque cela est possible. Elle nous a bien portés pour la montée mais maintenant elle commence à se transformer et cela ne facilite pas la marche. Nous avons les raquettes sur le sac, mais comme l'enneigement n'est pas continu, nous ne les mettons pas aux pieds.

Vagues déferlantes
Vagues déferlantes, sur la crête des Isards

L'objectif principal de la journée est en vue et il n'y a aucun problème sur le sentier pour y arriver. Il faut juste faire attention que les corniches ont tendance à vouloir tomber et comme la crêtes est douce dans les deux sens, des plaques sont prêtes à partir.

Pic d'Espaillat
Pic d'Espaillat au premier plan à droite
Où aller ?
Où aller ?

Après le pic d'Espaillat, nous continuons vers le panneau de jonction entre le GRP et le GR10. J'abandonne l'idée de faire la boucle par le col de Didorte puis le col des Finestres car la traversée sous la crête des Génibres ne me semble pas suffisamment sûre. Bon, c'est l'explication que je me donne mais je pense surtout que l'on a envie de profiter du soleil et de faire une sieste plus haut. En montant, un renard qui profitait comme nous détale en nous voyant arriver ; Joulua trépigne et aimerait bien rejoindre un copain potentiel. Elle n'en fera rien.

Nous nous installons sur la crête des Isards (sur le GR10) avec une vue superbe sur la cabane du Rieutord, la barrage du Laparan (une toute petite partie), l'étang de Ruille, le col de la Didorte. Un bon jambon sec, de bons fromages et une bonne sieste ; que demander de plus en un tel endroit sous le soleil chaud.

Cabane de Rieutord et étang de Ruille
Cabane de Rieutord et étang de Ruille, barrage de Laparan en fond de vallée (petite partie)

En repartant par le même chemin ...

Campalou
Campalou

... nous passons au dessus de l'étang d'Embizon encore gelé.

Étang d'Embizon
Étang d'Embizon

Certains vont se dire : ils ont monté les raquettes pour rien ! Afin de ne pas les avoir promenées sur plus de 2000 mètres de dénivelée, nous avons fait toute la descente depuis le Campalou jusqu'au col en dessous en raquettes. Juste pour le plaisir et la douceur de ce moyen de transport. Tout cela avec le massif de Tabe que nous adorons en toile de fond.

Raquettes sur le Sarrat de Campalou
Raquettes sur le Sarrat de Campalou

Nous pousserons jusqu'au Bourbourou avant de rejoindre le GRP qui nous ramène à la cabane. Il n'y a pas à dire, c'est une telle journée que nous attendions depuis longtemps. Une autre personne en profite aussi ; je la vois monter la crête des  Génibres. Ce sera la seule autre personne que nous apercevrons de nos trois jours.

Lever de soleil
Lever de soleil, depuis la cabane de Bretounels

Après une deuxième nuit tout à fait agréable dans cette cabane, nous rangeons tout, faisons un peu de ménage et repartons par le même chemin tant que le temps est correct ; nous descendons sous les nuages avec de toutes petites éclaircies et un taux d'humidité assez faible. Il faut faire attention avec les températures d'hier et de ce matin en marchant sur les névés dans la forêt de ne pas passer sur un pont fragile mais en dehors de cela tout se passe bien.

Ambiance dans la forêt

Après nous être restaurés à la fin du sentier au début de la piste près d'un ruisseau, nous arrivons enfin au passage sous la N20.

Et là, nous comprenons enfin ce qui s'est passé au niveau du ruisseau. La pluie a transporté tellement de débris, sédiments, rochers, ... qu'elle avait totalement comblé le dispositif permettant de conduire l'eau en sous-terrain ; ce dispositif (grosses grilles) fait plus de deux mètres de large et un mètre de profondeur sur plusieurs de long ; et nous n'avons rien vu à l'aller : le tas de terre et pierres qui a été enlevé vendredi fait au moins deux mètres cinquante de haut.

Cela a dû être impressionnant ; tellement, que de l'autre côté du passage sous-terrain, la route a été fortement endommagée et s'est effondrée.

Nous reviendrons dans ce secteur que nous venons de découvrir car il y a beaucoup à faire encore.

Ambiance dans la forêt
Ambiance dans la forêt
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Signature Stéphan Peccini

 

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