Massif de Tabe en solo, 5 au 8 mai 2019

Le massif de Tabe en solo

Refuge du Pla de Tabe

Bon, encore et toujours le massif de Tabe, me direz-vous. Et vous avez raison ! Je vous laisse découvrir toutes les fois pour lesquelles un récit a agrémenté ce site. Si vous ne reconnaissez pas la photo ci-contre, c'est à ne rien y comprendre 🙂

Mais pour une fois, un terme est important : en solo. Enfin, en solo ou presque. Seule Joulua m'accompagne pour cette sortie. Nathalie vogue sous d'autres cieux lointains et je vais en profiter pour tester ou tout au moins essayer d'aller là où elle n'aurait pas particulièrement apprécié se trouver.

L'idée est donc de partir bivouaquer sur un sommet en sursac de protection du duvet et si nécessaire sous tarp. Je préfère donc partir dans un secteur que je maîtrise afin d'avoir des alternatives à toutes les situations. L'idée, ambitieuse, est belle à mes yeux et cela fait des semaines que j'y pense.

Je comptais en effet passer trois nuits dans le massif de Tabe et ensuite partir en face dans le secteur du Larnoum mais plutôt en cabane.

Bon, la suite montrera que j'étais ambitieux au vu des conditions rencontrées. Et quelles sont les conditions ? D'abord il a neigé et la montagne est bien recouverte d'un manteau blanc. Un vent et un air glacial descendent du Nord (pas des Hauts de France, encore plus au Nord) et en haut du Saint-Barthélemy qui est ma première destination, il est annoncé dans la nuit de dimanche à lundi une température ressentie de -17°C au mieux. Avec beaucoup de vent. Il est hors de question que je monte dans ces conditions surtout avec Joulua.

Je décide donc de monter vers le refuge du Pla de Tabe, d'aviser en fonction du temps et s'il est propice, autant que faire se peut, on continue jusqu'au Mont Fourcat pour y passer la nuit. En cas de pépin, il suffit de descendre s'abriter plus bas, situation que n'offre pas le Saint-Barthélemy. Nous devons passer trois nuits là-haut, descendre à la voiture pour rejoindre le parking du Bouychet ; comment, vous ne savez pas où il se situe ? Allez, hop, avant de lire la suite de cet article, un tour sur ce récit s'impose.

Je patiente ... Vous voilà revenus ? Bon on continue. Qui dit neige et très grand froid dit crampons, piolet, très gros duvet (celui d'expédition), très grosse doudoune (celle pour passer des longues heures de nuit en statique), etc, etc. Et comme je pars toujours avec tout mon matériel photo et vidéo, le tout est finalement ... très lourd.

C'est parti.

 

Montée au refuge du Pla de Tabe, dimanche matin

Je ne vais pas vous expliquer comment on y monte, vous le savez déjà. Le seul point est qu'en bas, il y a des travaux pour améliorer la piste forestière et en ouvrir une autre branche. On reste toujours à droite jusqu'à trouver les cairns de départ du sentier avec un balisage rose fluo non officiel mais rénové.

Lorsque nous arrivons à la cabane, je comprends que je n'irai pas plus loin pour dormir. Le froid est glacial, le vent très désagréable et l'air humide. Je m'installe dans la cabane et rapidement me mets dans le duvet pour me réchauffer après avoir mangé. Je constate une fois de plus que le stock de bois s'amenuise alors que la forêt est juste en dessous.

Bref, ce n'est pas aujourd'hui que j'irai dormir sur un sommet. Demain peut-être.

Balade de l'après-midi

Même s'il fait froid, on ne va pas rester enfermés toute la journée. Afin de ne pas être trop incommodés par le vent, je pars en direction de la cabane de l'Estagnole ce qui nous permet de nous mettre un peu à l'abri. Comme il n'y aucun risque d'avalanche, je me maintiens très à gauche en montant pour profiter de la crête qui coupe le vent. Arrivés à la cabane, Joulua couine pour me dire qu'elle veut continuer. Elle est en manque car nous avons peu marché ces dernières semaines.

Le prochain arrêt se trouve ainsi au sommet du pic de l'Estagnole en montant droit dans la pente de la cabane au sommet. Cela évite le vent ... que l'on se prend en pleine tête en arrivant. Et là nous avons la confirmation qu'il est froid et souffle fort en rafale. Mais quelle vue ...

Pic de l'Estagnole et mont Fourcat dans le MAssif de Tabe
Pic de l'Estagnole et mont Fourcat

... d'un côté comme de l'autre.

Pic du Han dans le Massif de Tabe
Pic du Han

Nous n'en ferons pas plus aujourd'hui avec un retour vers la cabane pour profiter du cocon protecteur et passer une bonne nuit. Le froid est si intense que même le dentifrice met de la mauvaise volonté pour sortir du tube. Le duvet est donc bien accueilli.

Les Pyrénées en face du refuge du Pla de Tabe

Demain, notre destination sera sur les crêtes en direction du pic du Han pour descendre sur l'étang d'Appy et voir ensuite en fonction du temps et de la forme.

Lundi, montée en crête dans le massif de Tabe

Le vent a continué a soufflé mais a perdu de la puissance durant la nuit ; il fait moins froid aussi. C'était prévu et nous allons donc nous élancer vers les crêtes pour dormir ailleurs. Joulua embarque de l'eau pour m'aider au cas où nous ne redescendrions pas. Toutes les affaires sont donc de la partie pour la journée qui commence bien.

Les Pyrénées en face du refuge du Pla de Tabe

Il faut commencer par suivre la piste qui part en direction du Mont Fourcat derrière la cabane et toujours garder la crête à partir du moment où la piste bifurque au nord-est. La neige tombée récemment n'a pas eu le temps de se transformer mais a crouté avec le froid des jours précédents. Marcher dessus n'est pas agréable car on ne peut pas garder un rythme constant, la croute s'affaissant régulièrement.

Depuis le col au-delà de la cabane de l'Estagnole avant de bientôt basculer vers le pic du Han, nos traces se devinent au niveau de l'Estagnole (où ce qu'il en reste) ainsi que notre parcours pour monter au pic du même nom hier.

Pic de l'Estagnole et sa cabane

Jasse de l'Estagnolette

La bascule se fait ensuite vers le vallon de la jasse de l'Estagnolette avec une belle vue sur la vallée. Et maintenant en route vers le pic du Han. En temps normal la dernière montée par le GRP sur le pic du Han est raide mais sans difficulté. Mais avec la neige qui est tombé et qui n'a pas pu s'accrocher au sol, cette montée devient difficile pour moi.

Avec le sac lourd, je dois m'aider des mains en permanence car mes chaussures ne tiennent pas et je glisse fréquemment. Il n'y a aucun danger en dehors d'une mauvaise chute mais c'est usant et je vais y laisser de l'énergie. Et quand je pense que demain ... Bon, vous devrez lire la suite pour en savoir plus.

Le sommet se mérite mais il offre comme d'habitude une belle récompense.

Pic de l'Estagnole et mont Fourcat
Pic de l'Estagnole et mont Fourcat

Comme nous avons eu quelques difficultés à monter et que le passage pic de Galinat vers le col de l'étang d'Appy n'est pas toujours facilement praticable, je préfère, à la descente du pic du Han, suivre le GRP vers l'étang d'Appy.

Pic du Han

Pendant toute la traversée avant de basculer sur l'étang d'Appy, je fais mon repérage pour demain en vue du retour au refuge du Pla de Tabe.

On devine le plateau sous le pic sur lequel il faut passer pour rejoindre la jasse de l'Estagnolette entre les deux derniers petits névés au niveau de la première crête (crête des Grailles) puis le dernier passage au niveau du dernier névé de la deuxième crête, avant le roc de Lauzate, pour revenir sur le pla de Tabe.

Vous pourrez voir le cheminent plus loin à partir d'une carte ViewRanger.

Une question me taraude l'esprit. Va-t-on trouver une corniche encore formée à la descente vers l'étang d'Appy ? C'est une des plus importantes du coin et la dernière ou presque à disparaître. Heureusement non ! Elle a pratiquement disparu. Toutefois, si cela arrive, il faut descendre la crête venant du pic de Galinat sur 2 ou 300 mètres et trouver une voie menant au ruisseau qu'il faut alors remonter jusqu'au lac.

Le lac est magnifique et présente une couleur que je lui ai rarement vue.

Etang d'Appy
Etang d'Appy

En face sur le sommet, c'est la destination que je me fixe pour cette nuit. Je ne me sens pas en jambes pour atteindre le Saint-Barthélemy. Mais avant nous allons nous arrêter un bon moment à proximité de l'étang pour manger et profiter du moment. Il fait bon mais de temps en temps le vent forcit et fait descendre la température.

Il est temps de repartir et de monter au col. Plus on monte et plus le vent forcit et rafraîchit l'atmosphère jusqu'à en devenir désagréable. Je comprends que bivouaquer au sommet ne sera pas une partie de plaisir et c'est malgré tout le plaisir que je suis venu chercher. Je pense que c'est aussi le cas de Joulua mais elle n'en dit rien.

Deux choix se présentent à moi. Revenir à la cabane de l'étang d'Appy qui présente un défaut de prendre l'eau et avec le froid, elle risque être gelée. Mais ce n'est pas pour cela que nous sommes venus non plus.

Le choix se porte donc sur un bivouac au col, dans le creux à gauche en arrivant. Il va nous protéger du vent. Je vous invite à regarder la vidéo (vers 2 minutes) qui vous présente le secteur. Il faut préparer le terrain en aplanissant la neige sur laquelle je dépose une grosse couverture de survie avant de monter le tarp que je fais tenir avec de la neige sur les bords, neige qui va se souder rapidement.

Un trailer, étonné de nous voir ici, nous salue avant de continuer vers le sommet sans nom. Le point de vue reste très agréable que ce soit vers le pic de Saint-Barthélemy ...

Pic de Saint-Barthélemy

... ou l'étang d'Appy au dessus duquel nous mangeons.

Etang d'Appy

Après avoir joué dans la neige, Joulua étant très exigeante sur ce sujet-là, nous partons dormir avec le vent qui secoue le tarp. Heureusement que j'ai "soudé" les bords. Malgré tout, je dois me lever deux fois dans la nuit pour remettre une pique que je fais tenir finalement avec de gros cailloux. Je suis dans mon gros duvet avec le sursac alors que Joulua sort régulièrement jouer dehors ... Nous ne sommes pas logés à la même enseigne.

La nuit aura été finalement pas trop mauvaise et pour tout dire meilleure que ce à quoi je m'attendais quand j'ai vu le soir bouger le tarp que j'avais arrimé au piolet au cas où.

Mardi matin, retour au refuge du pla de Tabe

La journée s'annonce belle ...

Saint-Barthélemy

... et les premiers rayons de soleil arrivent sur nous pour nous réchauffer.

Pic sans nom entre le col de l'étang d'Appy et le pic de Galinat

Je prends le temps de ranger les affaires, rien ne me pressant et nous voilà partis.

A compter de ce moment-là, cela va être le festival des mouflons et autres hôtes de ces lieux : cinq mâles autour de l'étang d'Appy qui vont se laisser approcher à cinquante mètres, deux troupes de 8 à 10 mères et leurs petits au niveau du ruisseau de Cadène, deux vaches sous le pic du Han complètement dégagé de la neige, ce que j'aurais apprécié la veille pour monter.

Plus ce sont une troupe de quelques individus fuyant dans le bois sous l'Estagnole, une vipère qui s'éclipse en nous sentant arriver, un dîner spectacle où pas moins de trois troupes de femelles et leurs petits passeront devant la cabane dont une troupe qui va s'approcher d'elle-même à moins de cent mètres, presque cinquante, avec un petit suffisamment rassuré pour téter sa mère.

Seul le gypaète manque à l'appel. Il y a bien longtemps que je ne l'ai pas vu dans le secteur.

Le trajet de la journée, sachant que l'on peut imaginer d'autres possibilités puisque tout ou presque est en hors sentier. Seul un point de balisage est bien visible à la traversée de la crête des Grailles. Au niveau de l'Estagnole, il vaut mieux éviter de rentrer dans la forêt à moins d'aimer cela.

Tracé sur ViewRanger

Mercredi, retour à la voiture

Mon objectif initial était de revenir à la voiture pour rejoindre le parking de Bouychet et continuer mon séjour vers la cabane de Bèze. Je préfère prendre du repos chez moi et repartir vendredi faire le circuit en trois jours, enfin, c'est ce que je pense à ce moment-là.

Je descends donc tôt le matin, classiquement par le chemin de l'aller. Rien à dire de particulier ... ah, si, les baliseurs s'amusent parfois 🙂

Quant le charme d'un être fait le boulot pour vous guider

Même si les objectifs que je m'étais donnés n'ont pas été atteints, nous avons passé un excellent moment en altitude. Encore une fois !

Postambule

Après l'escapade dans le massif de Tabe, j'ai tenté de monter cette fin de semaine vers la cabane de Bèze depuis Bouychet mais cela a tourné court car le temps n'était pas avec moi. Vendredi, la montée depuis le pont de la Peyre était régulièrement dans les nuages à mi-hauteur et comme il faut faire de l'orientation pour ne pas passer n'importe où, j'ai pris la décision de monter dormir à Auruzan.

Cabane d'Auruzan lors d'une belle éclaircie qui n'a pas duré

Ce matin, samedi, au réveil je me trouvais dans les nuages qui montaient et descendaient et la décision a été rapidement prise de rentrer. La montagne sera toujours là et elle est belle quand on la voit ...

Ruisseau de Brouquenat

... ou pas.

Ruisseau d'Escales

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Signature Stéphan Peccini

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