Voilà des mois que nous n'avons pas passé une nuit en montagne. La dernière fois, c'était à la cabane de Bretounels vers la mi-février de cette année.
Les conditions météorologiques des jours précédents étaient à la neige et la pluie selon l'altitude et il va falloir trouver un circuit qui puisse tenir compte de ces conditions, notamment pour la hauteur de neige. En effet, des mois sans portage ne nous permettent pas d'envisager d'aller brasser la poudreuse pour atteindre une cabane. Donc direction ...
L'Aston
L'Aston est un secteur que nous commençons à bien connaître avec des cabanes que nous apprécions. Plusieurs options s'offrent à nous et nous choisissons d'aller le premier jour à la cabane de Courtal Marty qui était notre avant-dernière destination de l'année avant Bretounels. Elle permet si les conditions de neige sont bonnes d'aller à la cabane de Bèze pour finir sur le pic de Mille Roques ou du Pas du Chien.
Mais sur trois jours comme nous le visons, elle permet aussi de continuer sur le GR10 pour aller vers le barrage de Riete et avant d'y descendre de prendre la vallée qui mène à la cabane des Ludines. Au vu des conditions, c'est plutôt cette option que nous devrions choisir mais le terrain décidera.
Vous souhaitez tout savoir. Alors suivez-moi !
Samedi, en direction de Courtal Marty
Pour rejoindre la cabane, nous partons du parking de Gestiès vers 8h30 sous un beau soleil et une température fraîche mais qui ne demande qu'à monter, comme nous. Il suffit de suivre le GR10, dans le bon sens, au travers de la forêt qui nous accompagne un bon moment. La montée se fait plus lentement que lors de nos dernières sorties à la journée, les épaules ayant perdu l'habitude des sacs lourds.
En sortie de forêt, la vue s'ouvre sur un très beau panorama sur le massif du pic des Trois Seigneurs d'un côté ...
... et de la Pique d'Endron de l'autre.
Après ce petit intermède photographique bienvenu pour reposer les épaules, nous repartons en direction du col de Sasc, où nous ferons un premier point de la situation par rapport à la neige.
Comme d'habitude, nous quittons quelques minutes le GR10 qui monte au Pla de Montcamp pour passer en dessous. Le petit sommet offre une très belle vue sur le massif de Tabe que nous connaissons toutefois sous toutes ses coutures. Par contre, si la mer de nuages est présente sur la vallée, le point de vue est alors magnifique avec quelques sommets qui s'élèvent au-dessus tels des îles inaccessibles.
Pour arriver au col de Sasc, il nous aura fallu un peu moins de trois heures ce qui confirme notre rythme de sénateurs chargés. Avec la neige, en temps normal, deux options sont possibles ; soit suivre le GR10 tel qu'il est tracé mais avec une corniche à passer et un dévers souvent glacé soit par le pic du col Taillat qui évite les deux mais ajoute 70 à 80 mètres de D+.
Aujourd'hui, on peut passer sans problème et sans équipement par le GR10 car la neige est peu épaisse et fraîche. La température la fait fondre et il est sûr que nous ne manquerons pas d'eau.
Bon, ceux qui ont l'habitude de me lire savent très bien que les abreuvoirs de Courtal Marty sont toujours alimentés par une forte source. On ne manque jamais d'eau là-haut à la cabane.
Après avoir un peu brassé dans les accumulations, nous arrivons à la cabane que nous retrouvons avec plaisir. Elle est libre, ce qui nous arrange. Si jamais, elle est occupée, la première option est de continuer sur le GR10 jusqu'à Balledreyt qui est suffisamment grande pour accueillir 8 personnes ou de continuer vers la cabane du Larnoum, hors GR10.
Le temps a déjà fait son effet. Le volet métallique est tombé avec un gong qui s'est descellé et le toit a été tordu sur ses rabats en bordure, sûrement par les chevaux. Dedans, on voit de suite que la rénovation du toit est efficace car l'intérieur est sec ; c'est agréable. Nous allons pouvoir en profiter : installation, ravitaillement en eau, repas, sieste.
Que cela fait du bien de faire la sieste avec un bon duvet bien chaud dans une cabane en altitude. Des mois que nous n'avions pas goûté ce plaisir !
Toutes les bonnes choses ont une fin, surtout si on veut continuer à les apprécier à leur juste valeur. Afin de profiter du beau temps et de la montagne, nous faisons une petite sortie en montant au Pas de l'Escalier par la piste pour monter au pic du Col Taillat et revenir à la cabane.
En chemin, nous rencontrons un chasseur avec qui nous discutons. Il a brassé au niveau des crêtes vers la Unarde jusqu'aux genoux. Cela nous confirme que nous n'irons pas à la cabane du pic de Bèze. Nous n'avons pas la forme pour. Et pourtant, il semblait accessible. Déjà pour aller à la Calbe ...
... et plus loin ensuite.
Les couleurs du soir sont toujours aussi agréables avec un beau point de vue sur le massif de Tabe ...
... et le col de Sirmont où nous passerons demain matin pour rejoindre la cabane des Ludines.
Dimanche, fin de nuit
Comme souvent, je me réveille dans la nuit pour profiter du spectacle. Sans le volet, je vois que les étoiles sont bien présentes et je vais faire quelques photos de cette attraction dont je ne me lasse jamais.
Le soleil commence à illuminer le massif de Tabe ...
... avant d'apparaître et de donner le top départ de la journée.
Dimanche, aux Ludines
Nous allons continuer à suivre le GR10, en passant d'abord à la cabane de Balledreyt, toujours aussi belle, toujours aussi bien entretenue. Et alimentée par une initiative locale (donc hors scope de l'association des amis du GR10 qui gère d'autres cabanes). Merci à eux et bravo !
A partir de là, notre progression va être lente jusqu'à la jasse de Sirbal. Le terrain est boueux et glissant ; il faut faire attention en traversant les ruisseaux car les pierres n'accrochent pas du tout et le niveau de l'eau est plus élevé que d'habitude avec la fonte des dernières neiges.
Arrivés à la jasse de Sirbal, nous avons la surprise de trouver la passerelle en bois complètement givrée ; nous y allons par tout petits pas, très doucement, les chaussures n'ayant aucune adhérence dessus. Il est vrai que cette jasse est très froide : peu de soleil en journée et un très beau couloir de vent.
Une fois passé le ruisseau du Larnoum, on s'engage sur la montée assez raide vers Sirmont, toujours sur le GR10, sur un terrain plus sec pour le moment.
Arrivés au col, on apprécie le point de vue. Il est vrai que l'Automne avec les premières neiges est propice pour ces moments-là.
Nous continuons à suivre le GR10 jusqu'à la passerelle qu'il faut traverser avant de tourner tout de suite à droite. Il est possible, avant la passerelle, de prendre l'ancien GR10 qui apparaît sur les cartes mais comme il n'est quasiment plus emprunté, il n'est pas aisé d'accès. Dans ces conditions, nous préférons l'éviter. Peut-être aurions nous dû le prendre malgré tout.
En effet, toute la portion de la passerelle jusqu'à la jasse sous la cabane de Pourcel est boueuse, c'est peu de le dire, glissante, ... L'ancien GR10 nous aurait évité cela ... ou pas. Mais nous n'aurions pas profité du ruisseau.
Avant d'arriver à la jasse le terrain était boueux. Dans la jasse, il devient spongieux ; mais nous sommes presque arrivés à la cabane que nous atteignons pour manger.
Il y a déjà du monde dont un père avec son fils qui s'apprêtent à partir. 4 autres personnes étaient avec eux mais ils sont partis faire un tour en laissant leurs affaires sur les bats-flancs. Vont-ils réellement partir ou pas ?
Nous allons patienter, lire, patienter, ... Ils arrivent enfin et comprennent que nous attendons pour nous installer. Enfin, c'est ce que je pensais. Ils s'installent tranquillement pour prendre un goûter, discuter, ... Sans libérer la place. Au bout d'un long moment et comme le soleil se met à baisser, je rentre dans la cabane pour défaire mes affaires et commencer à sortir le duvet. Ils comprennent et nous libèrent les places. Enfin !
Nous pouvons nous installer et ensuite partir pour faire un tour, rapide car il se fait tard et entre les sacs et le terrain que nous avons eu le matin, nous ne sommes pas motivés à fond.
L'objectif de demain est de monter en crête pour passer par le pic de Massayre puis rejoindre Sirmont avant de refaire tout le chemin inverse jusqu'à Gestiès.
Mais avant cela, nous allons profiter du feu de la cheminée après avoir ravitaillé autre chose que les morceaux d'arbustes. J'avais repéré quelques arbres morts nonchalamment allongés sur des buis. Ils n'attendaient que moi. C'est du bon bois et le feu n'en sera que plus agréable. J'espère que les suivants auront apprécié les 2 ou 3 grosses brassées que nous avons laissées.
Dans la nuit, je vais me réveiller, c'est habituel, et je vais passer du temps dehors à admirer le ciel.
Encore ...
... et encore.
Lundi, retour en passant par le pic de Massayre
Après une excellente nuit, une assez longue journée nous attend. Le pic de Massayre est plein nord depuis la cabane, mais nous préférons prendre par le col direction nord-ouest. En effet, un chemin part tout de suite après la passerelle et ensuite il faut monter à vue rejoindre une belle traversée qui amène au col.
Le terrain va s'avérer par endroit très boueux, Nathalie s'enfonçant une fois presque jusqu'à mi-mollet. Mais on arrive à éviter tant bien que mal les mauvais secteurs. La vue sur les Albeillanous et le pic de Mille Roques s'ouvre à nous.
Arrivés au col avec la neige, nous regardons la vallée par laquelle nous serions descendus vers le Larnoum si nous avions dormi à la cabane du pic de Bèze.
La suite se fait en crête par le pic de Massayre avec vue sur l'étang du Larnoum (si, si, cherchez bien) ...
... pour rejoindre Sirmont et le GR10 où un hôte des lieux nous attend. Il va rester 10 minutes dans le secteur avant de s'envoler.
A partir de là, nous faisons le chemin inverse des deux premiers jours, pour descendre sur la Jasse de Sirbal ...
... avant de remonter vers Balledreyt en suivant le ruisseau du même nom.
Le GR10 passe partout dans ce secteur ...
Nous nous arrêtons à la cabane de Balledreyt pour profiter de son exposition au soleil avec les bancs sommaires pour s'asseoir et manger. J'espérais être plus loin mais le sentier n'est pas roulant du tout et nous n'avançons pas bien vite. Mais il fait beau et là est l'essentiel.
Le chemin continue ensuite sans difficulté avec toujours le massif de Tabe en point de mire ...
... et sous toutes les couleurs.
Encore quelques efforts et Gestiès apparaît ; il reste moins d'une heure pour y arriver.
La reprise aura été belle mais vous le savez, de courte durée. Nous pourrons ressortir une fois (prochain récit à venir) avant que le confinement reprenne. La montagne sera toujours là et nous en profiterons encore plus ; l'absence renforce le désir, tous les amoureux le savent.
Avec grand plaisir. Nous avons la chance actuellement d’être aux pieds des montagnes et nous nous sentons privilégiés en ce temps de confinement. Mais ces grandes sorties nous manquent aussi. Un peu de patience et elles nous seront à nouveau accessibles.
Merci pour cette super balade qui fait du bien . Par ce temps de confinement la montagne me manque énormément.
Et toujours de très très belles photos
Ai plaisir de vous lire