Jour 3
En direction de Siguer
Vers la cabane de Balledreyt sur le GR10
La nuit a été reposante après notre longue journée de la veille et nous nous réveillons à 7h00. La routine du matin est déjà bien rodée (rangement des affaires puis petit déjeuner) et nous voilà partis à 8h10 avec une belle journée qui s'annonce pour l'instant.
Dans un premier temps, nous descendons vers la cabane de Clarans, rénovée récemment par Eric Chaigneau, en croisant un GRDiste qui monte de bon matin. Le chemin est tranquille en forêt ; il y a bien longtemps que nous n'étions pas passés ici mais dès que nous arrivons à la route, nous récupérons une partie du GR10 bien connue de nous.
La montée n'a pas changé, heureusement :-), et nous nous arrêtons à la cabane de Balledreyt, qui est en bien meilleur état que ce que montre le lien proposé. En effet, une très belle rénovation a été réalisée récemment. Nous en profitons pour prendre notre repas de midi et faire une courte sieste.
Direction Courtal Marty puis le Pla de MontCamp
Nous montons vers Courtal Marty, petite cabane de deux personnes très bien située pour les couchers et levers de soleil. Nous rencontrons une autre femme seule qui fait le GR10.
Il y a toujours de l'eau qui coule à proximité ; il faut se rendre aux abreuvoirs à une centaine de mètres en léger contrebas à gauche. Elle est fraîche et bien agréable à boire. Nous ravitaillons un peu car il nous reste 2 à 3 heures de marche avant d'atteindre Siguer.
A côté de cette petite cabane se trouve la cabane du vacher qui propose des fromages en libre service, moyennant tout de même d'être payés. J'aurais bien voulu en prendre mais le border du vacher qui n'est pas présent est à deux doigts d'agresser Joulua pour protéger son domaine. Nous préférons ne pas nous arrêter et passons notre chemin.
Nous ne monterons pas au Pla de Montcamp que nous connaissons très bien, en passant par une des sentes d'animaux qui le contourne. Et puis, c'est la descente, longue, longue, longue, ... longue, sûrement parce nous la faisons régulièrement pour nous rendre à Courtal Marty voire à la cabane du Larnoum.
La maison des randonneurs de Siguer
Nous arrivons à la maison des randonneurs de Siguer, mise à disposition gracieusement par la commune. C'est le grand luxe ! Couchage de qualité, eau chaude avec douche, électricité pour recharger les appareils, toilettes, belle table pour manger et quelques commodités à proximité.
Nous en profitons pour prendre une bière et un jus d'orange et nous passons la soirée avec un père, Jean, et son fils, David, qui traversent le GR10 par courts segments d'une semaine. Lorsque nous arrivons, le père est en pleine discussion téléphonique avec Eric Chaigneau (GR10.fr) qui lui annonce qu'ils vont sûrement nous rencontrer. Quelle coïncidence !
La soirée va être agréable avec nos deux co-locataires d'un soir. Mais demain est un autre jour et ce jour ne sera pas beau. Il va beaucoup pleuvoir et neiger au-dessus de 1800 mètres. Que va-t-on faire ? Nous avons un jour d'avance sur notre planning ; en effet, en deux jours nous avons parcouru 43 kilomètres et monté presque 3000 mètres de D+.
Ce qui semble se mettre en place pour demain est une journée de repos a priori. Nous verrons bien au matin l'état de la météo.
Jour 4
Nagot comme transition
Changement de programme, la cabane de Nagot
Il a plu toute la nuit et il continue de pleuvoir au réveil. Nos co-locataires partent sous la pluie à 9h30.
Après examen de la carte, je vois que nous avons une solution au-dessus de Goulier avec une cabane, celle de Nagot. Elle est à environ 4 heures de marche et peut s'atteindre en fonction des conditions par une variante au GR10, variante qui passe sur une piste. Journée perdue pour perdue, autant avancer quitte à ne pas prendre le GR10 officiel.
La météo semble s'améliorer un peu et nous décidons de partir vers 11 heures après avoir tout nettoyé et nous être un peu restaurés afin de ne manger qu'une fois arrivés.
Nous voilà partis sous la pluie en direction de Lercoul. Ensuite, toujours sur le GR10, nous montons dans la forêt de Sem où nous empruntons la piste jusqu'au port de Grail. Entre Siguer et le port de Grail, nous aurons fait quelques bouts de chemin avec une femme seule qui se sera trompée 2 ou 3 fois par manque de balisage efficace. Il fallait bien chercher pour rester sur le chemin.
Une fontaine est annoncée au croisement du port mais hélas elle ne coule pas. Et comme la source de la cabane de Nagot est à 1 km, il nous faut trouver de l'eau avant d'y arriver pour passer la fin de journée et le petit déjeuner.
Qu'à cela ne tienne, 2 ruisseaux dévalent la pente plus loin ; nous nous y arrêterons. Après avoir rechargé nos gourdes, nous restons sur la piste au lieu de monter en crête par le GR10. En effet, un troupeau de brebis est dessus et avec la pluie, il ne sera pas intéressant de l'éviter hors sentier.
Arrivés à la cabane vers 15h00, après 4 heures, 10 km et un peu plus de 1000 mètres de D+, nous découvrons un abri très sain et sec. Sûrement trop, car une famille de loirs a dû s'y abriter longtemps car le lit superposé du haut est couvert de déjections qui se sont incrustées. Je dormirai par terre sur mon matelas et nous réfléchirons dans le cadre des Veilleurs de Cabanes si on doit la restaurer. La cabane, pour 2 personnes est bien équipée avec des matelas, 2 bancs et 1 table en bois très massif, ainsi que d'une cheminée.
Cheminée dont nous allons profiter pour faire un bon feu afin de chasser l'humidité ambiante. Un bon goûter à base de pain, fromage, gâteau et chocolat avant de se reposer et lire puisque dehors, il pleut toujours, finement mais continument.
Le soir, repas constitué d'une soupe, pâtes au pistou, semoule et chocolat avant de dormir, bien à l'abri de la pluie.
Jour 5
Premier ravitaillement puis en direction de Prunadière
Le ravitaillement
Nous récupérons notre ravitaillement aujourd'hui et il serait bien de pouvoir transvaser le contenu protégé dans les bidons étanches dans nos sacs sans le faire sous la pluie.
Nous nous réveillons donc à 7h30, toujours sous la pluie fine et prenons largement notre temps avant de partir un peu après 10h00, après avoir pris une photo de la cabane, Nathalie m'abritant sous son poncho.
Il faut continuer à suivre la piste jusqu'au col de Risoul où nous retrouvons le GR10 officiel avant de descendre vers Goulier, charmant petit village. Nous remontons vers la borne commémorative où nous avons caché nos premiers bidons et par chance, la pluie cesse. Le transfert de nourriture se fera au sec. Une belle fontaine se trouve sur le chemin au niveau du refuge fermé avant la borne.
Petite montée d'adrénaline, en se demandant si les bidons seront toujours là. Oui, ils y sont ! Nous transvasons alors le contenu en laissant ce qui est en trop avec ce que nous avions déjà. Et hop, le sac prend 2 kg de plus pour Nathalie, 6 pour moi et 3 pour Joulua. Les bidons sont à nouveau camouflés dans le secteur en vue d'être repris lors d'un prochain passage.
C'est maintenant reparti pour une longue traversée pour rejoindre la variante du GR10 qui évite d'aller au barrage d'Izourt.
La cabane de Prunadière via Artiès
Notre objectif est de rejoindre la cabane de Prunadière. En effet bivouaquer avec l'humidité ambiante serait faisable mais peu agréable. Et la traversée va être plus longue que prévue pour rejoindre la variante ; en effet, la pluie et les brebis par leur passage ont rendu les roches glissantes et même si le sentier est normalement bien roulant, il faut faire attention.
L'étang d'Izourt nous est bien connu et ne présente pas vraiment d'intérêt dans notre cas. Nous prenons donc la variante qui évite de faire 6 km de distance et nous nous retrouvons à Pradières d'en Bas où nous mangeons à l'abri d'un porche. Un GRDiste discute un peu avec nous, lui ayant fait toute la traversée à Izourt, qui s'avère être à moitié plein seulement.
Nous voilà repartis en direction d'Artiès dans cette belle forêt.
Nous rencontrons quelques GRDistes qui vont dans l'autre sens mais aucun ne peut nous dire si la source de la cabane de Prunadière coule ni si de petits ruisseaux dévalent à proximité de la cabane. Je me rends compte alors que je suis un peu "spécial" en m'intéressant toujours à l'eau et en en faisant le repérage.
Sans information, nous ravitaillons toutes nos gourdes à Artiès au niveau des sanitaires en bordure de la route. Les sacs sont encore plus lourds mais toujours raisonnables mais nous allons devoir les porter sur 700 mètres de D+.
Heureusement que la montée est facile grâce à tous les lacets que fait le sentier avant d'atteindre la crête et basculer sur l'autre versant. A partir de la crête, le sentier reste pratiquement à la même altitude et il très roulant.
Les vautours nous passent juste du-dessus, profitant des thermiques nombreux dans le secteur si l'on en croit les différentes trajectoires qu'ils prennent pour gagner de l'altitude. En dehors des vautours, nous n'aurons vu que deux salamandres comme animaux non domestiques. Parler d'animaux sauvages à propos des salamandres de nos Pyrénées me semble un peu fort comme terme.
La cabane de Prunadière, où nous arrivons vers 18h30 est située juste à côté du GR10 dans une petite clairière. La cabane est en excellent état avec un étage pour dormir sans matelas toutefois et le bas avec une belle table, des chaises et une grande cheminée. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant que la source coule lentement mais sûrement ; et l'eau est très fraîche. Manque plus que le "jaune" et tout va bien ; ah, mais il y a du "jaune" dans un placard. Bon, OK, j'oublierai d'en prendre une goutte avant de manger. Tant pis.
Nous nous organisons pour passer la soirée en mettant la table devant la cheminée et nos couchages de l'autre côté. Nous allons en profiter pour sécher toutes nos affaires qui étaient un peu humides.
Le repas de ce soir est constitué d'une soupe, d'une purée au lentilles et curry doux, de pain et fromage (reste de notre première partie avant le ravitaillement), flanc plus chocolat.
21h30, il est l'heure de dormir, enfin c'est ce que je pensais. Tout avait été étendu dans la cabane pour faire sécher les affaires et après que Nathalie et Joulua se soient endormies, j'ai la surprise d'entendre un voisin en haut. Il gratte et fait de petits bruits de pas. Quant tout à coup, je vois apparaître un loir accroché sur un mur.
J'essaye de le chasser mais quand je lui présente le bâton (sans le frapper, bien évidemment), il le regarde et s'en approche pour le sentir. Bon, il n'est pas sauvage et je dois tout mettre en sécurité, nourriture, habits, ponchos, ... avant de pouvoir dormir. Tout cela sans réveiller ni Nathalie ni Joulua. La journée a été longue avec 17 km et près de 1300 mètres de D+ et la cabane agréable. Comment ne pas bien dormir !
Voilà une étape de plus franchie dans notre traversée de l'Ariège.