Jour 11
En direction du col de Core et de la cabane d'Eliet
Nous restons sur le GR10
Je vous avais laissés pour le dernier récit à la cabane d'Aula avec une hésitation que nous avions levée.
Nous devions quitter le GR10 et monter au col de Peyre Blanc pour rejoindre les Estagnous puis les étangs Rond et Long pour s'arrêter à la cabane de Trinquet. Mais la probabilité des orages étant trop élevée, nous ne voulons pas prendre de risque.
Deux solutions s'offrent à nous. Suivre strictement le GR10 canal historique ce qui nous amène à emprunter la piste d'Estours puis la route. Ou prendre le GR10D qui évite tout le secteur peu agréable. Nous optons pour cette option même si elle implique un peu plus de dénivelée mais moins de distance.
Nous continuons donc sur le GR10.
Ce que l'on ne sait pas encore, c'est que ce ne sera pas une bonne journée motivante.
Réveil à 6 heures, rangement des affaires, petit déjeuner. Oups, nous avons été trop efficaces et le jour n'est pas encore là. Nous l'attendons avant de partir. La descente se fait dans un beau sentier tout en couleurs d'automne en direction de la cabane forestière de l'Artigue, fermée.
Le chemin suit le ruisseau de l'Artigue dans la forêt ; il descend doucement, tout doucement ; j'ai l'impression que l'on reste à la même altitude dans un paysage peu changeant. Nous rencontrons quelques personnes qui montent vers la cabane d'Aula. Le chemin se poursuit jusqu'à l'embranchement du GR10D et remonte le ruisseau d'Arros.
Et nous poursuivons rapidement dans la forêt sans rien voir du paysage. C'est frustrant et difficile pour le moral, surtout le mien. En chemin nous rencontrons une femme seule qui fait le chemin inverse ; elle s'est retrouvée sous les très gros orages de la veille et n'a pas osé s'abriter au niveau de la cabane de Luzurs qui est occupée par des personnes qui la squattent ; elle sera restée plus d'une heure accroupie sous son poncho.
Elle nous demande où nous allons et quand nous annonçons que nous nous rendons à la cabane d'Eliet, elle n'est pas très optimiste sur la possibilité d'y arriver. Qu'à cela ne tienne, nous poursuivons avec le même objectif en tête.
Nous continuons à marcher dans la forêt, encore et encore, jusque vers midi trente où nous en sortons enfin. Enfin, il était temps. Voilà un secteur que je ne referai pas ; j'en arrive presque à regretter le passage par le col de Peyre Blanc. Les orages ne sont pas là et tout aurait été fait sereinement par les Estagnous.
Il est temps de se reposer ; 5h30 que nous marchons pour faire 12 kilomètres et 1000 mètres de dénivelée. Ce n'est pas la bonne journée. Pause à proximité de la cabane de Subera après avoir passé celle de Lameza, ravitaillement en eau, quelques pistaches en attendant que le taboulé gonfle, puis gâteau et chocolat. Nous voilà requinqués, surtout moi qui en avait besoin, et nous repartons enfin avec une vue sur la montagne. Je respire. Le chemin devient agréable mais je ne suis pas motivé pour faire des photos.
A partir de là, le GR10 fait un peu de montagnes russes à flanc. Nous passons la cabane de Cassabede puis celle de Luzurs sur un beau sentier sans difficulté. Au niveau de la première cabane, nous pouvons ravitailler en eau bien fraîche au robinet d'un abreuvoir ; nous ne trouverons pas d'eau jusqu'à la cabane d'Eliet et il n'y en a pas non plus là-bas.
Il faut donc bien se charger et les sacs retrouvent un poids un peu élevé, surtout que nous avons la nourriture pour 5 à 6 jours. Vers la cabane de Luzurs dont les abords ne donnent pas envie de s'y arrêter, effectivement, le sentier revient dans la forêt jusqu'au col de Core que nous atteignons vers 16 heures après avoir marché quelques dizaines de mètres sur la route.
Comme souvent, des personnes nous demandent de prendre Joulua en photo avec son sac. Quelle vedette ! Nous faisons une courte pause au col avant de reprendre notre chemin. Il y a en effet beaucoup de monde venu profiter de la vue et la route se trouve à proximité et ce n'est pas ce que nous recherchons.
Quelques personnes descendent sur le GR10 et nous discutons avec certaines. J'essaye de voir combien de temps nous allons avoir besoin pour rejoindre la cabane qui ne me semble pas si loin. C'est peut-être l'envie d'arriver, la frustration de début de journée, mais je me trompe dans mon estimation. Il nous faudra deux longues heures pour arriver à la cabane ; heureusement que le point de vue est superbe et bien ouvert tout au long du chemin.
Juste avant d'y arriver, nous suivons quelques minutes un troupeau de brebis qui se dirigent vers le col. Joulua est intéressée mais la journée a aussi était rude pour elle ; elle reste calme et ne cherche pas à rejoindre les bêtes.
Arrivés à la cabane après 24 km et environ 2000 mètres de D+, nous faisons la connaissance de deux jeunes qui découvrent le secteur à l'occasion d'une semaine de woofing en Ariège. Ils sont très sympathiques et pour ne pas nous déranger décident de monter au premier étage en couvrant, avant de se coucher, le passage pour diminuer la lumière.
Après cette longue journée, nous profitons de la cabane pour nous poser et de nos deux colocataires d'un soir pour discuter. Un bon repas, purée, flanc et chocolat, et nous nous installons en bas sous la table avec nos matelas et duvets. Le sommeil nous gagne rapidement et nous passons une très bonne nuit.
Jour 12
Du col d'Auèdole à Trapech du Milieu
De la cabane d'Eliet à la maison du Valier
Ce matin nous nous réveillons à 6h30 pour gagner un peu de sommeil. La journée sera courte pour rejoindre la cabane de Trapech du Milieu, il n'est donc pas nécessaire de se lever tôt. De plus, nous avons une contrainte très forte aujourd'hui ; nous n'allons pas pouvoir ne pas y répondre. Comme nous passons à la maison du Valier, il est impératif d'y être pour boire un coup et se restaurer ; il y a des choses importantes dans les vacances !
Nous faisons le moins de bruit possible et sortons de la cabane pour manger et ranger nos affaires car les deux jeunes dorment encore. Nous partons vers 8h00 pour remonter au col d'Auèdole après avoir profité des premières lueurs et leur avoir souhaité une bonne continuation.
De retour sur le GR10, nous croisons les troupeaux de brebis et de vaches et poursuivons notre chemin vers l'étang d'Ayès. Il y a bien longtemps que nous n'y étions pas venus dans ce secteur et nous le redécouvrons sans aucun souvenir.
Nous basculons bientôt vers la vallée du Pla de La Lau et découvrons quelques sources où nous ravitailler. Je choisis de descendre un peu pour ravitailler au-dessus de la cabane de Courille au niveau des abreuvoirs, mais juste un peu. Nous allons retrouver de l'eau fraîche sous la cabane d'Auen au niveau du ruisseau du même nom.
Le sentier se fait tranquillement et facilement. Autant nous n'avions plus de souvenir autour de l'étang d'Ayès, autant à partir du cap des Lauzes, nous connaissons bien et même très bien. Nous venons régulièrement dans le secteur vers la cabane du Taus, le col de Pécouch, ...
Il ne reste pour ce matin qu'à descendre à la maison du Valier. Nous y arrivons sans se presser pour 12h30, à la bonne heure. Nous allons nous faire plaisir. Bière artisanale et coca pour commencer, grandes brushettas poulet/fromage (pour Nathalie) et fromage (pour moi) accompagnée de salade, tomates, jambon, coppa, boudin, d'une autre bière et d'un coca, puis en dessert trois boules de glaces avec de la chantilly. Ce que l'on ne sait pas encore et que l'on va perdre très vite une bonne partie des calories accumulées ce midi. Mais nous nous sommes régalés.
Orage vers la cabane du Trapech du Milieu
Nous nous apprêtons à payer quand tout à coup, le tonnerre gronde et roule dans les nuages et des trombes d'eau s'abattent. Comme il ne semble pas que l'orage cesse rapidement et que le tonnerre est très haut dans les nuages, nous prenons la décision de partir. En effet, avec cette quantité d'eau, le chemin va devenir de la boue, d'abord, puis un ruisseau ensuite. Nous n'avons que 600 mètres de D+ à faire ; cela ira assez vite, nous allons forcer le rythme autant que faire se peut.
Le poncho sur le dos, nous partons à 14h10, sous la pluie battante et les coups de tonnerre au loin dans les nuages. Nous prenons un rythme plus rapide que d'habitude et ce que je pensais est déjà présent. Le chemin est très boueux et glissant, notamment dans les quelques courtes mais très fortes pentes ; il faut tirer très fort sur les bâtons pour ne pas partir en arrière.
Au bout de 300 mètres de montée et quelques calories en moins, le temps se calme et la pluie cesse. Les derniers lacets se gèrent plus calmement jusqu'à la cabane que nous atteignons à 15h30 après 13 kilomètres et 1400 de D+, toujours sous un ciel bien nuageux.
Il fait un peu froid et nous nous changeons rapidement avant de nous installer. Nous profitons de l'eau qui jaillit à l'abreuvoir pour boire et faire la vaisselle ; hier, le manque d'eau ne nous avait pas permis de la faire. Sieste, repos et lecture suivront avant le repas du soir composé de pâtes, flanc et chocolat. L'orage gronde à nouveau mais ce n'est pas grave pour nous ; la cabane est saine et nous sommes au sec.
Un peu de lecture avant de dormir et le sommeil nous gagne avec quelques grondements lointains.
Plus que deux jours avant notre objectif : sortir de l'Ariège ! pour mieux y revenir ensuite.